Chère abonnée, cher abonné,

L'envolée des prix du gaz, du pétrole, de l'électricité provoquée par le conflit en Ukraine illustre notre dépendance aux énergies fossiles et aux régimes autoritaires qui les détiennent. En 1991 déjà, en pleine première guerre du Golfe, déclenchée également par l'invasion d'un pays par son puissant voisin, Solagro avait participé au Forum européen énergies renouvelables et développement local organisé à Toulouse. La Une de notre revue d'alors, « Les Nouvelles de Solagro », reprenait les propos de Philippe Chartier, directeur scientifique de l'AFME : «  Les énergies renouvelables ne sont pas seulement les énergies de lutte contre l'effet de serre. Ce sont aussi les énergies de la paix. Elles seules peuvent tisser les solidarités mondiales de demain». Ce texte n'a rien perdu de son actualité. Hasard de l'histoire, 1991, c'est aussi l'année de l'effondrement de l'URSS et de la déclaration d'indépendance de l'Ukraine...

L'envolée des prix agricoles et des intrants, engrais azoté, carburant, va impacter les populations les plus vulnérables, peut-être encore plus fortement que ne l'a fait la pandémie, y compris en Europe, y compris en France. En Europe, si les céréaliers y trouveront leur compte financièrement, l'élevage risque de s'effondrer par pans entiers dans certains territoires, fragilisant tout le secteur agricole.

Dans ce contexte, deux réponses sont possibles. La première, qui sature l'espace médiatique, consiste à relancer la machine productiviste et faire retentir les sirènes techno-solutionnistes.

L'autre, la nôtre, propose de changer de direction. L'indépendance énergétique, c'est d'abord économiser l'énergie et produire des renouvelables locales. Il faut combiner des actions court, moyen et long terme. Dans le panier des réponses possibles, des actions de sobriété à effet immédiat sont possibles et doivent être mobilisées sans délais. L'indépendance agricole et alimentaire, dans un esprit de solidarité réel avec le reste du monde, c'est également miser sur la sobriété dans les régimes alimentaires, l'efficacité dans la production agricole qui fait appel aux leviers de l'agroécologie et aux solutions fondées sur le vivant. L'urgence, ici aussi, impose de déployer des solutions d'effet immédiat, sans attendre des mesures plus structurantes.

Pour nous, le progrès et la science c'est au contraire la capacité à comprendre, mettre en œuvre, et articuler entre elles les solutions qui permettent de rester à l'intérieur de l'ensemble des limites planétaires, sans sacrifier l'une à l'autre. C'est notre combat depuis 40 ans et nous sommes plus déterminés que jamais.

Vous trouverez dans cette lettre un condensé de nos actualités de ces deux derniers mois.

Bonne lecture.

Christian Couturier, directeur de Solagro

Les prairies et l’élevage des ruminants au cœur de la transition agricole et alimentaire

Solagro a pris part à la rédaction de la note sur "Les prairies et l'élevage des ruminants au cœur de la transition agricole et alimentaire" pour la Fabrique écologique.

Face aux enjeux climatiques et sanitaires, la transition agricole et alimentaire, donc de l'élevage, est indispensable mais s'avère complexe. Cette note s'attèle à résoudre la contradiction apparente entre le besoin de protéger les prairies permanentes et la nécessité de réduire les émissions de méthane dues aux ruminants.

Développer une approche paysagère de la transition écologique dans les territoires

Les territoires se posent aujourd'hui de plus en plus de questions autour de la traduction paysagère de la transition écologique. Les Plans de Paysage sont un moyen d'y répondre. « L'approche "Paysage" de la Transition énergétique est un moyen de susciter le débat sur la manière dont l'énergie imprime nos manières d'habiter et de vivre nos territoires, au-delà de l'appréciation esthétique d'une éolienne » Florin Malafosse, responsable de l'activité Stratégies Territoriales à Solagro.

Diminution des pesticides ne signifie pas diminution des rendements, au contraire !

Les résultats issus des travaux de recherche, menés par l'équipe de Vincent Bretagnolle et Sabrina Gaba, sur la zone Atelier Plaine & Val de Sèvre apportent de nombreux enseignements éprouvés scientifiquement qui déconstruisent certaines idées reçues. Les résultats permettent de conclure notamment qu'il n'y a pas de lien de cause à effet entre l'utilisation des herbicides et le rendement de blé et que les marges brutes peuvent être plus importantes en bio. Ces études ont fait l'objet d'un webinaire organisé par Solagro, à voir en replay.

Méthanisation : point de contexte sur la fin des contrats de cogénération et l’auto-consommation

En France, les producteurs de biogaz en cogénération bénéficient d'un outil économique incitatif puisque le tarif de rachat est réglementé et garanti pendant 20 ans. Cependant, les plus anciens méthaniseurs en France ont désormais près de 18 ans et certains sites approchent donc de la fin de leur contrat.
Solagro a été missionné par GRDF afin d'étudier les suites à donner à ces contrats pour permettre une poursuite du fonctionnement des unités de méthanisation.