Focus

TRANSFood : Évaluer les impacts des régimes alimentaires sur l’environnement

L’alimentation est un levier majeur pour préserver notre santé et notre environnement. Dans le cadre du projet de recherche TRANSFood, en partenariat avec l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) de l’INRAE menée par Emmanuelle Kesse-Guyot, Solagro a contribué à l’évaluation des pressions environnementales liées à notre alimentation.

De nouveaux indicateurs relatifs aux pesticides et à la préservation de la biodiversité et de la ressource en eau

Dans le programme BioNutriNet, conduit entre 2014 et 2018, trois indicateurs avaient été calculés : les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie et la surface agricole utilisée.

TRANSFood vient compléter ce travail, avec trois indicateurs supplémentaires :

  • Les pesticides, toxiques même à des doses minimes, présents aujourd'hui dans nos aliments, les sols, les eaux de surface et souterraines. L’indicateur a été construit sur la base de l’indice de fréquence de traitement (IFT), également utilisé pour la carte Adonis. Solagro a établi une base de données compilant les pratiques moyennes d’utilisation de pesticides par culture et par région.
  • Les infrastructures agroécologiques (IAE) - haies, lisières forestières, prairies humides, bandes enherbées… -, nécessaires à l'équilibre et la résilience des écosystèmes, et dont la préservation est un enjeu majeur. Les surfaces d’IAE préservées ont été calculées grâce au traitement de bases de données géographiques. 
  • L'eau bleue (utilisée en irrigation, en agriculture) qui, du fait des changements climatiques, devient une ressource rare alors que sa disponibilité est vitale. Cet indicateur a été calculé par culture, et se base sur les quantités d’eau moyennes d'irrigation par région.

Le périmètre de l'étude distingue deux modes de production, agriculture biologique et agriculture conventionnelle. Les indicateurs ont été calculés sur 84 produits bruts, 73 produits végétaux (céréales, fruits, légumes, oléagineux, légumineuses...) et 11 produits animaux (viande, lait, œufs...).

Ces indicateurs ont été établis en s’appuyant sur des bases de données (Agribalyse, Recensement agricole 2020, enquêtes sur les pratiques culturales, statistiques agricoles annuelles…) et des indicateurs validés (indice de fréquence de traitement, water footprint, surfaces d’infrastructures agroécologiques de la politique agricole commune).

L'indicateur "surface agricole" a été remis à jour pour les besoins de l'étude.

Les équipes de l’INRAE intègrent ces indicateurs aux régimes alimentaires de différents groupes d’individus avec les données issues de la cohorte NutriNetSanté. L’évolution des régimes au cours du temps, leurs impacts sur l’environnement et sur la santé seront ensuite analysés. 

"Solagro joue un rôle clé dans le projet TRANSFood pour obtenir et compiler des données difficilement accessibles. Elles permettent d’évaluer les pressions environnementales en fonction des modes de production dans les trajectoires d’évolution des comportements alimentaires. Avec Solagro, nous sommes les seuls en France à intégrer ces indicateurs dans nos recherches, avec pour objectifs d’informer les politiques publiques, de guider les initiatives de sensibilisation et d'éclairer les consommateurs dans leurs décisions quotidiennes. En comprenant mieux les dynamiques de transitions alimentaires dans un contexte de crise environnementale, nous pouvons espérer forger un avenir plus durable et résilient pour nos systèmes alimentaires."

Emmanuelle Kesse-Guyot - Directrice de recherche INRAE / EREN et administratrice à Solagro
 
Un projet transdisciplinaire aux enjeux multiples

Le projet TRANSFood a émergé en 2022, dans un contexte fragile où le système alimentaire n'est pas un système durable. L'agriculture occupe environ 40% des sols et contribue à 34 % des émissions de gaz à effet de serre, en plus d'être une grande consommatrice d'eau et de causer une perte de biodiversité. Du point de vue de la santé humaine, les régimes modernes occidentaux sont responsables de l'augmentation alarmante du diabète, d'une incidence croissante des cancers (pour lesquels l'alimentation est le troisième facteur de risque), et jouent un rôle prépondérant dans des maladies telles que le surpoids ou l'obésité, touchant 40 % des adultes aujourd'hui. 

Les enjeux sont multiples, allant de la surconsommation à l'épuisement des ressources et à la malnutrition. L'objectif principal du projet est de travailler sur les transitions alimentaires durables en utilisant des données réellement observées. Cela implique de considérer plusieurs facteurs dans une approche multidisciplinaire et multicritères : la santé humaine, celle de la planète, et la sécurité alimentaire tout en prenant en compte la dimension socio-économique. 

 

Les principaux axes du projet TRANSFood consistent à :

→ Évaluer les changements alimentaires, au cours du temps, en se basant sur des données de l'étude BioNutriNet
→ Évaluer les impacts environnementaux des transitions alimentaires avec le travail de Solagro
→ Évaluer la santé humaine, avec notamment des méthodes de modélisation complexes qui consistent à calculer le nombre de décès évités et le nombre d'années de vie en bonne santé, selon les régimes alimentaires
→ Analyser les leviers et les freins aux transitions durables, en travaillant sur les motivations des consommateurs·rices, les aspects économiques, sociaux et géographiques, sur la base de données sur l'environnement alimentaire des individus en fonction du lieu de résidence
→ Proposer des trajectoires, des modifications des comportements alimentaires, prenant en compte les éléments identifiés dans les autres axes