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Solagro a 40 ans : Témoignages

Solagro a 40 ans ! 40 ans de projets, 40 ans d'engagement en faveur de la transition énergétique, agroécologique, alimentaire autour des mêmes valeurs. Découvrez ici les témoignages de personnes qui ont ponctué l'histoire de Solagro.

En 1981, le pari est lancé de créer une structure qui regroupe des enseignants, chercheurs, étudiants en agriculture et agriculteurs autour des énergies renouvelables en agriculture. Il y a 40 ans personne ne parlait d'énergies renouvelables, aujourd'hui c'est devenu un sujet d'actualité, "mainstream".
40 ans plus tard, l'association défricheuse est devenue une structure reconnue au niveau national et européen sur les questions liées à l'énergie en agriculture et à l'agroécologie. Fidèle à elle-même, Solagro persiste et signe, toujours avec la même envie, celle de faire évoluer les pratiques vers plus de durabilité.

Pour cet anniversaire, nous avons fait témoigner des personnes, salariés, administrateurs, adhérents, partenaires, qui ont marqué l'histoire de Solagro et qui continuent à accompagner la structure. Découvrez les ici.

 

- Témoignages -

 

Antoine Jacob a toujours oeuvré dans le domaine des énergies renouvelables. C'est d'ailleurs pour cela qu'il rejoint l'association dès ses débuts en tant qu'objecteur de conscience, avant d'en devenir un des premiers salariés de 1987 à 1990. Il revient sur son histoire avec Solagro.

Comment s'est passée votre rencontre avec Solagro ?
C'est le fruit du hasard qui m'a fait connaître Solagro ! En 1986, je cherche une structure pour m'accueillir en tant qu'objecteur de conscience et je vois que Solagro œuvre dans les énergies renouvelables, bingo ! Je décide alors de venir à Toulouse et je passe un an dans cette jeune association créée en 1981. À ce moment-là, il n'y a que deux salariés. Je rejoindrai d'ailleurs l'équipe en tant que salarié de 1987 à 1990.

 

Quel est votre meilleur souvenir avec Solagro ?

J'adorais les assemblées générales où l'on dansait (rires), c'était les moments où nous pouvions tous nous retrouver.
Je garde aussi un excellent souvenir de la construction d'un séchoir solaire que nous avions réalisé nous-mêmes chez Paul Baradat dans le Tarn. Nous avions dimensionné un séchoir solaire pour du fourrage et des grains mais nous ne trouvions pas d'entreprise pour le réaliser. C'est alors que Marc Raymond (architecte et administrateur de Solagro) a dessiné les plans et que nous sommes allés construire nous-mêmes le « plenum », la gaine qui collecte l'air sur la toiture, debout sur des planches et sur le toit et ça a bien fonctionné !

 

Solagro a 40 ans, quel regard portez-vous sur son évolution ?

Un regard très positif et enthousiaste car le pari est gagné. L'association est née d'un petit groupe de personnes qui réfléchissaient dès 1981 aux sujets des renouvelables, contre vents et marées car l'éolien et le bois énergie n'étaient pas considérés en termes d'énergie à l'époque.
Aujourd'hui Solagro est une entité reconnue, écoutée par les ministères et par l'Europe, elle produit des scénarios intelligents, projette l'évolution des filières sur l'avenir après avoir accompagné leur développement depuis l'origine. Il me semble que l'état d'esprit a perduré et aussi la capacité à innover et la rigueur. Solagro conserve ce rôle de défricheur, c'est ce qui la caractérise le mieux je pense.

 

À quoi ressemblera Solagro dans 40 ans ?

Solagro deviendra peut-être un institut très reconnu, de conseil technique et scientifique ? Dans tous les cas, je vois la structure comme étant le garant d'un état d'esprit avec le renouvelable et surtout avec un rôle de garde-fou pour prendre du recul avec les grandes tendances du moment.
Solagro tiendra toujours son rôle de défricheur car il y aura toujours de nouvelles filières à défricher. Elle continuera à poser un cadre, à structurer, rester intelligente et se développera peut-être à l'international.

 

Si Solagro était ..

  • un objet : une ampoule (à basse consommation évidemment !) 
  • un plat : un tajine car c'est plat exotique et international
  • une chanson : un champ révolutionnaire, Bella ciao
  • un paysage : une rivière (qui produit du courant propre et trace son cours)

 

 

Michel et Alice Séon

L'histoire de la ferme d'Alice et Michel Séon, située à St-Paul-Cap-de-Joux dans le Tarn, est liée à celle de Solagro. Grâce à l'association ils ont été accompagnés dans la modification de leur système vers la mise en pratique de l'agroécologie, dès le début des années 90. Ensemble, ils ont joué un rôle important dans la dynamique lancée autour de l'agriculture paysanne qui a permis de faire bouger les lignes sur les politiques publiques.

Pouvez-vous vous présenter ?

Alice et Michel, nous sommes paysans à la retraite, installés sur la ferme d'en Bidou et Charrié à St-Paul-Cap-de-Joux dans le Tarn. Lorsque nous avons repris la ferme en 1978, c'était une exploitation de 45 ha menée en polyculture élevage et en conventionnel. Deux événements ont marqué notre parcours et nous ont poussé à remettre en question nos pratiques. Tout d'abord la chute du cours des agneaux en 1992 met notre exploitation en péril. Cependant, nous rebondissons avec la mise en place de la démarche qualité du label rouge et nous redressons la barre. En 1992, la pollution de la nappe phréatique de notre commune nous questionne et nous engage dans une réflexion plus poussée.
Pour répondre à cela, le Conseil Général met en place une « Opération espace 2000 » pour pouvoir faire émerger des projets de territoire et nous profitons de ce dispositif pour monter un groupe de paysans et répondre à ce problème de pollution. Dès lors, nous nous sommes engagés de manière plus prégnante dans les mouvements agricoles du territoire pour faire évoluer les pratiques vers une agriculture plus durable.

 

Comment avez-vous rencontré Solagro ? 

En 1992, nous rencontrons Philippe Pointereau et échangeons sur notre désir de faire évoluer nos pratiques agricoles. C'est à partir de ce moment que Solagro commence à nous accompagner pour la mise en place du CETA (le centre d'étude technique agricole) du Val d'Agout qui regroupe dix fermes. Dès lors, Solagro réalise des diagnostics agroenvironnementaux sur toutes les fermes et étudie la modification en profondeur de leur système. C'est à partir de ce moment que nous modifions notre système de production : arrêt du maïs, réduction de l'azote grâce aux prairies à base de graminés légumineuses, et que nous replantons aussi beaucoup de haies sur les fermes avec Solagro et l'association Arbres et paysages. Nous retrouvons enfin une façon de vivre le métier plus cohérente avec nos objectifs de départ.

Par la suite, notre démarche collective a été reconnue par le Ministère de l'agriculture et nous avons signé les premiers plans de développement durable (PDD) qui préfigureront quelques années plus tard les contrats territoriaux d'expoitations (CTE).
Ainsi, Solagro a acquis une réelle reconnaissance de ses compétences auprès des instances départementales tarnaises.

De ce groupe de travail est aussi née l'envie de participer activement à l'élaboration de la charte agriculture paysanne avec l'ADEART (association de développement de l'emploi agricole et rural tarnais) et avec une implication nationale forte de la FADEAR (fédération nationale des ADEAR).

 

Solagro a 40 ans, quel regard portez-vous sur son évolution ?

[Alice] Ma participation temporaire au Conseil d'administration (CA) de Solagro m'a permis de mieux connaître l'équipe et le fonctionnement interne de l'association. J'ai toujours été admirative de l'engagement des membres du CA mais aussi des salariés aux compétences et talents multiples que Solagro a su trouver et garder.
Solagro détient une belle et courageuse équipe de pionniers et pionnières ! C'était déjà cela il y a des décennies et ce rôle reste aujourd'hui et demain très important pour la formation des citoyens et l'évolution des politiques publiques à s'engager pour l'Humanité et la planète. En témoigne, entre autres réalisations collégiales, la création de cet outil d'analyse et de prospective qu'est Afterres2050 !

 

À quoi ressemblera Solagro dans 40 ans ?

J'espère que les nouvelles équipes d'ingénieurs perpétueront cette belle dynamique collective pendant des décennies encore, car il y aura toujours de nouvelles solutions à imaginer face aux enjeux à venir. Et donc, Solagro sera encore là dans 40 ans !

 

Si Solagro était ..

  • Un objet : un appareil photo
  • Un plat : une potée auvergnate
  • Une chanson: "Aux arbres citoyens" (Yannick Noah)
  • Un endroit : le Pic du Midi  pour ''voler haut'' !
  • Un paysage : un bocage avec des prés -vergers

 

Emmanuelle Kesse-Guyot est épidémiologiste de la nutrition. Elle a collaboré avec Solagro sur le volet environnemental du projet BioNutriNet, évaluant l'impact de l'agriculture bio sur l'environnement et la santé. Actuellement membre du conseil d'administration de Solagro, elle revient sur son histoire avec l'association.

Comment s'est passée votre rencontre avec Solagro ?

C'est une histoire de rencontre et d'intérêts communs qui s'est créée au fil de l'eau, autour du projet BioNutrinet. Lors du démarrage de ce projet en 2014, Denis Lairon de l'INSERM, a tissé un partenariat avec Philippe Pointereau et Brigitte Langevin de Solagro afin de construire une base de données environnementale permettant d'évaluer les impacts environnementaux des régimes alimentaires issus de l'agriculture bio vs conventionnelle. Ce projet ambitieux nous a réunis pendant quatre ans et a donné lieu à une "suite" de BioNutrinet pour travailler sur les transitions alimentaires avec le projet SISAE.

 

Solagro a 40 ans, quel regard portez-vous sur son évolution ?
Solagro est un pendant du milieu de la recherche, elle pose un autre regard car l'équipe a une manière de travailler différente. L'échelle temporelle n'est pas la même pour Solagro que pour les chercheurs, c'est une approche beaucoup plus opérationnelle, en lien avec la société civile et les collectivités locales.  L'association offre une approche singulière et très complémentaire, c'est cela qui en fait sa spécificité. Le monde de la recherche produit des connaissances académiques alors que Solagro est déjà dans les solutions.

 

Quel est votre meilleur souvenir avec Solagro ?
Les jeux de mots de Christian Couturier (rires) mais aussi la façon dont nous avons mené le projet BioNutriNet, avec beaucoup de ténacité alors que peu de gens croyaient qu'il allait aboutir. Et la fierté d'avoir été publié dans la revue "Nature", reconnaissance de notre travail par le monde scientifique !

 

À quoi ressemblera Solagro dans 40 ans ?
L'association continuera certainement à trouver d'autres voies d'avenir. J'espère qu'elle continuera à travailler sur les sujets alimentaires car elle a une plus-value très intéressante sur ces questions-là.
D'ailleurs Solagro a impulsé beaucoup de travaux à L'EREN - Équipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle - et j'aimerais que ça aille désormais aussi dans le sens inverse.
 

Si Solagro était ..

  • un objet : une fourchette car cela symbolise le côté bon vivant et c'est un clin d'oeil à la couverture "le revers de notre assiette"
  • un plat : le cassoulet mais en version vegan !
  • un endroit : les Pyrénées

 

Matthieu Calame a rencontré Solagro dans son « berceau intellectuel », à l'école d'agronome (ENSAT) à Toulouse lorsqu'il était étudiant. Depuis, s'est engagée une relation de 30 ans, marquée par des projets dédiés à l'alimentation durable et une vision commune.

Comment s'est passée votre rencontre avec Solagro ? 

Lorsque j'étais étudiant agronome à l'ENSAT de Toulouse, Solagro faisait des interventions dans le cadre de modules sur la matière organique et sa valorisation énergétique. J'étais alors l'élève de Philippe Pointereau et Bruno Legagneux, je les connais depuis 30 ans !
À cette époque, Philippe Pointereau qui revenait du Népal, nous avait raconté la compétition qu'il y avait là-bas sur l'usage des bouses séchées qui servaient de combustible. La vache comme producteur de combustible, c'était étonnant et cela m'a convaincu de leur intérêt.

 

Solagro a 40 ans, quel regard portez-vous sur son évolution ?

C'est une vraie réussite, une "success story" ! Le bureau d'études engagé et citoyen a su garder son cap tout en ayant une croissance des salariés importante. C'est une association qui a réussi à concilier professionnalisme et engagement.
Avec le temps, Solagro a su tisser des liens et se positionner avec les instituts de recherche, les collectivités et les mouvements citoyens engagés. L'association a acquis une vraie reconnaissance du côté des collectivités locales et institutionnelles et monte en puissance dans l'espace public.

L' autre élément important est qu'elle a réussi a garder l'équilibre entre l'activité économique et une vraie activité intellectuelle et associative. Elle touche à des questions sensibles et n'élude pas les controverses. Son expertise n'a cessé de s'enrichir et elle fournit des éléments techniques indispensables au débat public tout en devenant un acteur du plaidoyer.

 

À quoi ressemblera Solagro dans 40 ans ?

La forme associative qu'a choisie Solagro garantit son indépendance et la préserve d'un rachat par une grande entreprise. J'imagine que l'association pourra faire des émules dans la francophonie et pourquoi pas développer une antenne à l'étranger ?
Dans 40 ans, Solagro pourrait couvrir tout type de biomasse : agricole et maritime. Dans tous les cas, j'ai le sentiment que Solagro restera elle-même car la structure a grossi lentement mais sûrement.


Portrait chinois : Si Solagro était ..

  • un objet : une fourche à fumier
  • un plat : un cassoulet vegan avec des fèves
  • une chanson : Cabrel « il voulait vivre d'une autre manière…. »
  • un paysage : les côteaux du Lauragais en agroécologie