Nos travaux et productions

Le méthane dans les stratégies d'atténuation : un enjeu majeur

Le pouvoir de réchauffement global (PRG) permet de calculer un équivalent-CO2 à tous les gaz à effet de serre et est utilisé dans tous les accords internationaux. Il intègre les effets de ces gaz, en général sur 100 ans, mais ne reflète qu'imparfaitement les dynamiques différentes entre gaz à vie très longue comme le CO2 (plusieurs siècles) et le méthane, dont le pouvoir de réchauffement est très élevé mais qui disparaît dans l'atmosphère en quelques dizaines d'années. D'autres métriques ont été proposées, qui visent à caractériser les effets des variations des émissions. Mais elles ne peuvent pas jouer le même rôle que le PRG dans les inventaires, décisions et programmes d'action, dans un contexte de croissance rapide de la teneur moyenne en méthane de l'atmosphère terrestre. Mieux vaudrait donc continuer à perfectionner le calcul et l'utilisation du PRG pour la conduite de politiques ambitieuses.

Ce décryptage a pour objectif d’approfondir la question de l’instrument de mesure des effets du méthane sur le climat, et constitue un signal d’alerte sur ce sujet. Face à des résultats insuffisants en matière de politique écologique, il peut être tentant de vouloir modifier l’indicateur de référence et ainsi de « casser le thermomètre ». C’est ce qui est en train de se passer en matière de pesticides à la suite des manifestations du monde agricole. Cette même tentation pourrait exister également pour le méthane, qui donne lieu lui aussi à des tentatives de remise en cause. Pour pouvoir comparer et additionner les émissions des différents gaz à effet de serre (GES), la communauté internationale s’appuie sur un paramètre qui ramène tous les gaz à un « équivalent-CO2 ». Mais des voix s’élèvent pour proposer d’autres « métriques » qui, selon elles, autoriseraient à alléger l’effort de réduction des émissions pour atteindre la « neutralité » climatique. Le présent décryptage démontre que, malgré certaines utilisations possibles, celles-ci ne peuvent pas jouer le même rôle dans les inventaires, décisions et programmes d’action.