Focus

Le Grand Douaisis (Nord) interroge Solagro sur son potentiel de développement de la méthanisation

Nous assistons le Grand Douaisis, dans la définition de sa politique de développement des énergies renouvelables*. Notre mission spécifique :  Etudier les potentiels de développement de la méthanisation sur cette communauté d'agglomération de 157 000 habitants, située dans le Nord.
Notre diagnostic montre que ce territoire à la fois urbain et très agricole, a deux atouts majeurs :

  • un réseau gaz naturel dense et maillé, ce qui va faciliter la valorisation du biogaz par injection dans le réseau,
  • des ressources méthanisables abondantes et qui devraient l'être encore plus, avec la généralisation par les agriculteurs des CIMSE (cultures intermédiaires multi services environnementaux), CIMSE appelées parfois couverts végétaux, ou engrais verts, …

Mais au fait, utiliser des couverts végétaux pour faire de l'énergie, n'est-ce pas contraire à la préservation de l'environnement ? Ne rentrent-ils  pas concurrence avec les cultures « alimentaires » ?

Les cultures intermédiaires sont une pratique actuellement rependue sur environ 50% du territoire et leur terminologie varie en fonction de leur utilisation, de ce qui est attendu d'elles...Les chercheurs et les instituts techniques différencient aujourd'hui : 

  • Les cultures intercalaires : culture implantée en vue de restructurer le sol et de limiter le développement des adventices, elle peut être broyée et restituée au sol ou exportée ;
  • Les engrais vert : culture implantée pour améliorer la fertilité et la structuration du sol, il peut s'agir de légumineuses pour la fixation de l'azote atmosphérique ou de brassicacées pour l'extraction du potassium ou du phosphore des particules du sol, elle n'est pas exportée mais restituée au sol ;
  • Les CIPAN (culture intermédiaire piège à nitrate) : culture intermédiaire implantée avant une culture de printemps pour obtenir un développement suffisant afin de piéger l'azote du sol présent entre la récolte du précédent et de début du drainage (vers la mi-novembre environ). Leur objectif est donc l'amélioration de la qualité de l'eau drainée, elle répond à une obligation réglementaire de la directive nitrate ;
  • La culture dérobée : culture intermédiaire implantée en vue d'une utilisation fourragère, elle est donc exportée ;
  • CIVE : culture intermédiaire destinées à une vocation énergétique (ex : en méthanisation) – elle est exportée, mais assume d'autres fonctions pendant qu'elle est en place (lutte contre l'érosion, réserve de biodiversité, ...)

Les CIVE font dont partie de la grande famille des CIMS. Elles sont à tort confondues avec les cultures énergétiques dédiées, comme le maïs grain par exemple, explique Elen Devauchelle, chargée de cette étude au sein de Solagro. Les cultures énergétiques sont plantées expressément pour alimenter un digesteur, de manière très encadrée d'ailleurs, à la place des cultures alimentaires conventionnelles ». Ce qui n'est pas le cas des CIMS, ni des CIVES. Intercalées entre deux cultures elles ne prennent pas leur place...

Semés en autonome et en été, ces couverts protègent les sols de l'érosion, réduisent les risques de lessivage des engrais et pesticides par les eaux de ruissellement, stockent du carbone, participent à reconstituer la biodiversité des sols…Si ces cultures ont une grande valeur écologique, elles n'ont aucune valeur commerciale sonnante et trébuchante, elles sont même une charge de travail supplémentaire pour les agriculteurs.

D'où l'intérêt de les récolter et de les méthaniser, et de faire de ce gaz d'herbe, une plus-value économique et énergétique, dans une stratégie de diversification de notre mix renouvelable.

  • * Mission menée dans le cadre d'une étude multiénergies, confiée au groupement EGEE Développement, Cohérence Energies, E&E consultant, et Solagro.
  • Photo Solagro : CIMSE / mélange de féveroles, pois, radis dans le sud ouest