Focus

TeValU : Quel potentiel pour une filière de valorisation des urines humaines en région toulousaine ?

Des engrais à base d'urine - un potentiel à exploiter

L'année 2022 a été marquée par d'importantes sécheresses et des tensions sur l'eau. Ajoutée à cela, la crise énergétique a entrainé la flambée des prix des engrais. 

L'intérêt croissant sur les enjeux d'assainissement et de recyclage pour la production d'engrais a donc trouvé un écho avec le projet de recherche dans lequel Solagro s'est impliqué, visant à évaluer le potentiel de recyclage des urines humaines. L'enjeu consiste à pouvoir réutiliser les nutriments, azote et phosphore, contenus dans les urines, essentiels à la croissance des végétaux et composants des engrais.

Un enjeu de territoire - l'exemple de Toulouse

Le projet TeValU (Territoire Valorisant les Urines) a été l'occasion pour Solagro de collaborer de nouveau avec Toulouse Biotechnology Institute (TBI), partenaire historique sur le projet DESIGN.

Ce nouveau projet, appliqué au territoire toulousain, vient interroger le potentiel de recyclage dans une situation où les urines de la population seraient collectées via des toilettes à séparation (économisant les eaux de chasse et gérant les urines dans un flux séparé du reste).

Solagro a ainsi évalué le gisement d'urine en termes d'azote et de phosphore sur le territoire, avec une analyse fine permettant d'obtenir des estimations à l'échelle des bâtiments. Ont ainsi été pris en compte les installations temporaires lors d'évènements festifs, les bâtiments recevant du public parmi lesquels l'aéroport de Blagnac, les établissements scolaires, qui constituent un potentiel particulièrement important, mais également les entreprises et les logements.

Potentiel moyen de production d'azote et phosphore à partir des urines humaines dans les différents types de bâtiments

Solagro a en parallèle réalisé une estimation des quantités d'azote et de phosphore utilisées sur le territoire pour des usages agricoles. En complément, s'est ajoutée une étude spécifique pour quantifier les usages de niches comme les terrains de sport, les espaces verts, l'horticulture et les engrais utilisés chez les particuliers.

Estimation des quantités d'azote et phosphore produites dans les urines humaines du territoire toulousain et des apports nécessaires sur les parcelles agricoles - "Le gisement estimé est du même ordre de grandeur que les besoins en engrais sur le territoire, ce qui permettait un débouché local pour les urino-fertilisants." 

  Carte TeValU

Premier pas vers une filière pilote

Le 8 décembre 2022, Solagro, l'INSA de Toulouse et TBI ont réuni une quarantaine d'acteurs pour une présentation et des échanges autour du projet TeValU. De nombreuses structures toulousaines étaient présentes, avec des représentants de l'assainissement, des filières de collecte, des personnes du BTP ou liées à des établissements recevant du public, susceptibles d'installer des systèmes de collecte séparée. Cet événement a été marqué par une très grande motivation des acteurs à s'impliquer dans une filière pilote.

Nicolas Liénart, chargé de mission Bioéconomie explique : « Connaître le gisement et les débouchés constitue une première étape indispensable pour concrétiser une filière pilote, reste ensuite à mettre en mouvement les acteurs et les accompagner dans sa mise en place. Or la diversité des acteurs présents lors du séminaire de décembre, ainsi que leur motivation pendant les échanges, atteste de l'intérêt grandissant et donne confiance pour la suite. »

Des premières filières de séparation à la source mises en place dans les années 90 dans le nord de l'Europe (Danemark, Suède) aux unités de valorisation développées sur des projets en Suisse et en Ile-de-France, différents types de filières existent et montrent l'étendue des possibilités. Toulouse a sa propre voie à tracer.

Revoir la présentation du projet TeValU en replay

 

Ce projet est financé dans le cadre du métaprogramme de recherche BETTER de l'INRAE.

Voir l'article de l'INRAE - "Territoire avec valorisation des urines"

Les autres partenaires du projet sont la Toulouse School of Economics (TSE) qui travaille principalement sur la partie économique et EcoSys, unité de recherche INRAE qui travaille sur la valorisation agricole des urino-fertilisants.