Une étude pour mesurer les impacts réels de la méthanisation sur la qualité de l'air et les odeurs
L'étude AQAMETHA, coordonnée par Atmo France, a permis d'objectiver et partager les impacts de la méthanisation sur la qualité de l'air et les odeurs à l'échelle nationale.
Elle démontre que les atmosphères à l’intérieur et à proximité des sites affichent des concentrations en ammoniac et hydrogène sulfuré nettement inférieures aux seuils de dangerosité fixés par l’Anses et l’OMS, et que l’intensité odorante chute significativement au-delà de 230m du méthaniseur.
Un protocole d’expérimentation inédit
L’étude se fonde sur l'analyse de 12 unités de méthanisation réparties dans 6 régions françaises, couvrant différentes technologies (injection, cogénération et STEP) et tailles d'exploitation.
Le protocole a combiné des prélèvements chimiques à différentes distances (limite de propriété, premières habitations, centre-bourg, site témoin) et une analyse sensorielle méthodique par des experts formés au Langage des Nez®, évaluant la nature et l'intensité des odeurs sur des profils olfactifs internes et externes à l'unité. Ces expérimentations ont été menées en été et en hiver, pour prendre en compte d’éventuelles variations.
Ces tests ont montré que les principales sources d'odeurs proviennent des stockages d'intrants solides, trémies extérieures et bassins, alors que les stockages liquides fermés, déchets verts et équipements d'hygiénisation sont moins émissifs.
Des résultats confirmant la faiblesse de l’impact atmosphérique et olfactif des méthaniseurs
Les intensités odorantes maximales sont principalement relevées à l'intérieur des sites, avec une décroissance nette au-delà de 230 m ; l'ammoniac (NH₃) et l'hydrogène sulfuré (H₂S) affichent respectivement des concentrations bien inférieures aux valeurs toxicologiques de références (Anses et OMS), aux limites de propriété, et qui décroissent fortement aux premières habitations, confirmant l'efficacité de la dilution par la distance.
Les auteurs de l’étude donnent plusieurs recommandations techniques aux exploitants : minimiser le stockage à l'air libre, limiter l'ouverture des portes, couvrir les fosses, maîtriser les curages, entretenir les installations (biofiltres, cuves), nettoyer régulièrement, gérer les eaux pluviales et communiquer avec les riverains lors d'opérations exceptionnelles susceptibles de provoquer des nuisances.
Il s'agit de la première étude nationale alliant méthodes chimiques et sensorielles pour une caractérisation objective, reproductible et transposable à d'autres unités. Fin 2025, le nouveau projet PROMETHAIR sera lancé, pour approfondir cette approche.