Focus

Des biocarburants seconde génération (2G) en circuit court ?

Le projet de recherche européen BABET_REAL 5 2016-2020 entre dans sa phase finale. En septembre 2019, les 11 partenaires  (dont Solagro) de ce projet transcontinental se sont retrouvés en Argentine, pour faire le point sur les acquis et les suites à préparer.

BABET REAL 5 cherche à définir un modèle de bioraffinerie locale, durable, qui soit une alternative  aux grosses unités de productions d'éthanol de première génération.

Si l'urgence et la nécessité de sortir de la dépendance aux énergie fossiles fait consensus, le chemin pris jusqu'ici est loin de le faire, et les carburants de première génération se sont développés dans certaines régions du monde de manière bien peu durables et soutenables.

C'est la raison pour laquelle l'Union européenne a fixé en 2015 un seuil d'incorporation maximal de 7 % de biocarburants de première génération dans les carburants. Elle n'a cessé depuis d'intensifier les recherches sur la production d'une seconde génération (2G) de biocarburants issus de résidus agricoles, forestiers, …tout en préparant la 3G (les algues), et la 4G…
Pour éviter de retomber dans les travers du passé, et permettre aux acteurs locaux de reprendre en main leur propre approvisionnement en biocarburant,  les bioraffineries visées par BABET REAL 5 sont dimensionnées pour traiter 30 000 tonnes de matières. Elles sont environ 10 fois plus petites que les bioraffineries conventionnelles, et doivent avoir un rayon d'approvisionnement d'une trentaine de kilomètres.

Pendant 3 ans, les équipes de BABET REAL 5 ont comparé en laboratoire différentes techniques d'extraction de l'énergie contenue dans des pailles de maïs, des tailles d'eucalyptus, des tiges de cannes à sucre, des pailles de blés et d'orge…et sa transformation en éthanol carburant, laquelle produit toute une série de sous-produits (CH4, CO2, soufre, digestat…)

Notre rôle à Solagro ? Préciser les quantités de résidus mobilisables sans mettre en péril la fertilité des sols. Solagro devait aussi vérifier si l'insertion d'un module méthanisation dans la chaîne de production faisait sens, pour produire de l'énergie, des fertilisants pour l'agriculture. « Nous disposons d'une vision plus précise des obstacles qui restent à surmonter pour améliorer ces petites bioraffineries, selon la nature des biomasses utilisées commente Sylvaine BERGER, qui fait partie avec Sylvain DOUBLET, du duo d'ingénieurs de Solagro mobilisé sur le projet. L'extraction des composants capables de se transformer en éthanol est bien plus difficile sur certains résidus que d'autres, notamment sur ceux qui sont les plus riches en lignine. Et nos analyses confirment qu'une valorisation optimale des sous-produits générés est requise pour assurer la rentabilité de ces unités, et en réduire ses impacts.

Pour Sylvain Doublet, BABET REAL 5 montre que les vieux modèles économiques issus de la chimie du pétrole ne sont pas du tout adaptés à la bioéconomie, et qu'il faut accepter que cela ne soit pas simple ! Pourquoi espérer faire simple, quand cela ne peut être que compliqué. Nous avons aussi découvert l' immense besoin de dialogue entre les chimistes et les agronomes. Pour les premiers,  la biomasse semble en quantité illimitée dans la nature quand pour les seconds (et Solagro) elle doit pouvoir répondre à de nombreux usages, qu'il faut correctement négocier pour équilibrer les cycles du vivant et assurer le bon renouvellement des écosystèmes.

La suite ? C'est la construction de 4 bioraffineries dont une dans le sud-ouest de la France,  entre Béarn et Bigore, afin de passer du pilote de laboratoire au prototype grandeur nature.

Les carburants 2 G vous intéressent ? Faites-vous connaître auprès de Solagro.

Un meeting de valorisation des résultats ouvert à un large public est prévu début d'année 2020 dans le Sud-Ouest. N'hésitez-pas d'ores et déjà à vous signaler si vous souhaitez être informé en priorité.