Focus

Agriculture et climat: imaginer des rotations de cultures résilientes au changement climatique

Le projet PREAR (« Predicting and enhancing the Resilience of European Agro-ecosystems to environmental change using crop Rotations »), a pour but d'imaginer des rotations de cultures, en lien étroit avec les agriculteurs, résilientes au changement climatique, permettant d'assurer à la fois une production agricole et des services écosystémiques stables.

 

Ce projet, au carrefour de plusieurs disciplines (écologie, socio-économie et agronomie), réunit des chercheurs européens de différents pays (France, Danemark, Grande-Bretagne, Hongrie), et s'inscrit dans l'appel à projets FACCE SURPLUS pour une agriculture durable et résiliente. Il a la particularité d'y intégrer les agriculteurs afin d'entrevoir des rotations de culture acceptables et opérationnelles sur le terrain.

 

Le projet a trois objectifs :

  1. Évaluer la résilience des rotations de cultures actuelles et futures face au changement climatique
  2. Évaluer l'impact des rotations de cultures actuelles et futures sur la communauté de plantes dans l'agrosystème et sur leur rôle positif pour la biodiversité (fourniture d'habitats et/ou de ressources telles que le pollen ou les nectars pour la faune auxiliaire) mais pouvant entraîner des pertes de rendement liées à la compétition avec la culture en place.
  3. Identifier les rotations de cultures futures, acceptées et validées par les agriculteurs, car offrant le meilleur compromis entre rendement et services écosystémiques (pollinisation, régulation des adventices et des ravageurs) dans un contexte de changement climatique.

 

Il a été démontré que les rotations de cultures influencent l'abondance de la banque de graines du sol[1] (Bohan et al., 2011). Elles vont donc affecter la communauté de plantes de l'agrosystème et par conséquent la structure du réseau d'interactions et les services écosystémiques associés.

Le réseau d'interactions entre organismes dans les agrosystèmes est au cœur du raisonnement du projet. La figure ci-dessous illustre un réseau d'interactions inventoriées dans une ferme anglaise[2]. Chaque point représente une espèce et chaque trait représente une interaction. Celle-ci peut être mutualiste telle qu'entre une plante et son pollinisateur ; ou trophique telle que plante-hôte-parasitoïde ou plante-consommateur). Au centre, on retrouve la communauté de plantes de l'agrosystème : en vert foncé la flore sauvage et en vert clair les cultures.

Du fait de sa forte expérience de terrain avec les agriculteurs au travers d'autres projets (développement des pratiques agroécologiques avec Osaé – Osez l'agroécologie; favoriser la lutte biologique par conservation et gestion des habitats avec Herbea, etc), Solagro a été impliqué dans le projet pour faciliter l'adoption d'un système de rotation de cultures co-construit par les agriculteurs et les partenaires du projet. Caroline Gibert, en charge du projet à Solagro, a participé à l'élaboration du questionnaire pour mieux comprendre les déterminants des choix de rotations de culture chez les agriculteurs et pour identifier les changements qu'ils seraient prêts à envisager en réponse au changement climatique, a suivi les phases d'enquêtes et animera un atelier dans l'hiver 2018 avec les agriculteurs sur différents scénarios de rotations des cultures à l'horizon 2030 et 2050 à partir des rotations actuelles pratiquées sur les territoires aux environs de Toulouse.

 

Du 1er au 3 octobre dernier, les partenaires du projet se sont réunis à Toulouse pour faire le bilan de l'avancement des actions et notamment pour discuter de l'outil, développé par l'équipe du Centre for Ecology and Hydrology, qui sera proposé comme support lors des ateliers sur les rotations avec les agriculteurs.

N'hésitez pas à vous manifester si vous souhaitez participer à ces ateliers de co-conception de ces rotations futures auprès de caroline.gibert@solagro.asso.fr.


[1] Bohan DA, Powers SJ, Champion G, Haughton AJ, Hawes C, Squire G, Cussans J, Mertens SK, 2011. Modelling rotations: can crop sequences explain arable weed seedbank abundance? Weed Research 51: 422-432.

[2] Pocock MJO, Evans DM & Memmott J, 2012. The robustness and restoration of a network of ecological networks. Science 335 n°6071: 973-977.